Bonjour Aurélie, nous te retrouvons avec le roman d’aventure Sur les traces de Belzébuth. Mais comme pour beaucoup de tes romans, il a été difficile à classer… Peux-tu nous le présenter ?
Bonjour. En effet, j’ai toujours du mal à rentrer dans les petites cases des genres littéraires. Je définirais Sur les traces de Belzébuth comme un roman d’aventures, en partie roman historique, mâtiné d’une sorte d’uchronie hyper-localisée.
En effet, si les trois parties qui composent le roman font la part belle à l’aventure, la première se passe à la fin du XIVe siècle et se veut réaliste. Alors que, pour les deux autres, les personnages évolueront dans une sorte de moyen âge fantasmé, déformé.
On y croise donc un jeune chevalier aventureux, des demoiselles qui n’ont pas froid aux yeux, une famille contemporaine, un évêque ambitieux, des sorcières, toute une ribambelle de personnages… et bien sûr, le chat Belzébuth. À travers son intrigue, on y verra aussi l’importance de la lecture, de la connaissance et de l’ouverture à l’autre.
L’époque médiévale semble particulièrement documentée, tant au niveau du vocabulaire (il y a d’ailleurs un glossaire à la fin du roman) que dans le quotidien des habitants. Elle revient régulièrement dans tes différents ouvrages. Est-ce une période qui te passionne ?
De façon générale, l’histoire me passionne, et quelques époques encore plus que d’autres, en particulier le bas moyen âge (XIVe-XVe). J’ai une prédilection pour ce que j’appellerais les périodes de transition historique, des périodes souvent peu stables, dans lesquelles se prépare l’époque suivante, avec une rapide évolution technique et sociale, mais surtout de pensée.
Il faut dire que, pour ce qui est du moyen âge, j’ai été à bonne école. À trois ans, je montais déjà à pied à tous les châteaux cathares. Mes parents étaient adeptes des vacances culturelles, et notre pays regorge de vestiges médiévaux. Souvent, dans les petits châteaux peu connus, un peu boudés des touristes, nous avions droit à des visites presque individualisées, avec des guides passionnés, quand ce n’était pas le châtelain lui-même. Et ces passionnés préféraient les anecdotes et les détails locaux à la grande histoire qu’on peut trouver dans n’importe quel livre. De quoi intéresser des enfants ! De plus, j’habite dans une région à proximité de nombreuses ruines castrales. Une bonne façon de former ses rêves de jeunesse.
As-tu fait des recherches particulières pour Sur les traces de Belzébuth ?
Je me suis énormément documentée, et ce qui apparaît dans le roman n’est qu’un minuscule fragment de ce que cette documentation m’a appris ou rappelé. En plus des recherches sur Internet, j’ai un énorme carton plein de livres, de revues, de documents et même de thèses d’histoire en rapport avec mon sujet.
Le Mesnagier de Paris (que je recommande chaudement à tous les amateurs de moyen âge ou simplement aux curieux), écrit dans le deuxième moitié du XIVe siècle, a été mon livre de chevet pendant des mois. J’avoue que ce n’est pas par besoin pour le roman que je l’ai lu, mais parce que c’est un régal. C’est très enrichissant quant au quotidien et à la mentalité de l’époque, ce qui, à mes yeux, importe plus que les grands événements que tout le monde connaît.
En somme, me renseigner un peu plus précisément sur le sujet n’a fait qu’agrandir ma collection de livres sur le thème du moyen âge, et a été un véritable plaisir.
Belzébuth est donc le chat de la famille Mariey. As-tu choisi cet animal selon la signification qu’il avait au Moyen Âge ou est-ce un hasard ?
En réalité, le chat est moins diabolisé au moyen âge qu’on ne veut bien le croire. D’ailleurs, les chats étaient nombreux dans les scriptoriums, où les plus grands ennemis des livres étaient les souris. Dans les enluminures des manuscrits, les moines ont souvent dessiné les chats qu’ils avaient sous les yeux, et on trouve parfois sur les pages les traces de pattes d’un matou facétieux qui a marché sur l’encre humide d’un manuscrit laissé ouvert. Cela dit, les superstitions et les peurs qui cherchaient des responsables à tout ont souvent fait porter les torts sur eux, avec les persécutions qui vont avec.
J’admets que celui du roman cumule : il est chat, noir, avec un sacré caractère, et son nom de Belzébuth a de quoi faire trembler les superstitieux. Cela aura ses incidences sur l’intrigue.
Mais dans ce roman, pourquoi un chat ? Parce que c’est le moyen âge ? Pas vraiment. J’avais besoin d’un animal indépendant, amical d’un côté, mais capable de n’en faire qu’à sa tête. Un élément perturbateur, en somme. Et puis, Belzébuth s’est imposé comme une évidence pour déranger les habitudes de la famille Mariey.
Il est cet élément perturbateur malgré lui, capable de faire basculer des vies vers le pire ou le meilleur sans même s’en rendre compte (quoique… c’est un chat. Les chats sont-ils vraiment innocents ou œuvrent-ils à un mystérieux dessein ? Je vous laisse juge).
Le roman, disons-le franchement, est un pavé de 588 pages en format 17 x 24 cm ! N’as pas tu peur que cela freine certains lecteurs ?
Pour certains de mes romans, je me suis contrainte à limiter le nombre de caractères. Cette fois, non. Ce roman me tient particulièrement à cœur, il n’était pas question d’y faire des coupes franches. Et puis, comme ça, il y en a pour tous les goûts (et je vais vous dire un secret : il est long, mais on ne voit pas le temps passer en sa compagnie 😉 )
Question Spoil : Cliquez ici pour la découvrir.
Merci ! 🙂