On m’a dit – Volume 2
Les enfants de « On m’a dit » ont bien grandi.
Aujourd’hui, leurs problèmes sont différents, mais toujours bien présents…
Enel Tismaé et Malice Zambaux dénoncent à nouveau le harcèlement scolaire mais cette fois, en collèges et lycées, où les difficultés rencontrées deviennent plus graves.
Stigmatisations, homophobie, rejets, violences et tentatives de suicides sont évoqués sans tabou mais avec délicatesse.
Parution le 4 juin 2018
ISBN version Dys : 978-3-95858-210-1
e-ISBN version Dys : 978-3-95858-211-8
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Bonjour Enel et Malice !
Nous vous connaissons ensemble et séparément sur plusieurs projets. Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours ?
Enel : J’ai un parcours tout ce qu’il y a de plus banal. Pas de grandes écoles de lettres ou autre pour moi. J’ai une formation de coiffeuse. J’ai une fibre artistique fort développée, et la coiffure me permettait de l’exploiter pleinement. Malheureusement, j’ai dû changer de métier pour des soucis d’allergies, mes mains étaient devenues beaucoup trop sensibles pour continuer.
Depuis, je me suis reconvertie dans le milieu du périscolaire. Je suis également bénévole dans deux bibliothèques. Mes collègues s’occupent de l’accueil du public classique et, moi, de l’accueil des scolaires qui avaient déserté les lieux depuis longtemps. Ma présence permet aux enfants d’accéder à la bibliothèque et aux livres, et ils aiment ça. C’est important pour eux de lire, que ce soit pour leur aisance à l’école ou pour leur bien-être personnel.
Malice : Pour moi non plus, rien de bien spécial. J’ai toujours été passionnée par le dessin et, pour être honnête, aucun autre domaine ne me semblait envisageable comme choix de carrière. Du coup, après le lycée, je me suis lancée dans des études de graphisme à Paris. Après ça, j’ai commencé à travailler à mon compte en graphisme et illustration.
Les boulots d’illustration sont souvent assez rares, et je considère que j’ai eu de la chance de travailler avec Nats Éditions sur des couvertures de romans et, bien sûr, sur On m’a dit.
Dans ce second tome, nous retrouvons les personnages de On m’a dit au lycée. Pourquoi avoir choisi de parler de cette période ?
Enel : Dans le premier volume de On m’a dit, le harcèlement était léger, le genre de petites choses qu’on trouve dans toutes les cours d’école ou presque. Mais le harcèlement scolaire est bien plus vaste que les sujets abordés dans le premier volume. Je voulais parler du harcèlement via les réseaux sociaux, du racket, des choses idiotes ou des défis qu’on réalise pour les copains, de la scarification et des tentatives de suicide… Toutes ces choses beaucoup plus dures qui sont malheureusement bien réelles et, pour le faire, il fallait que les personnes grandissent. Je ne pouvais pas aborder de tels thèmes avec des personnages en école primaire, c’était impossible.
Et plus personnellement, je pense que ma fille m’influence également. J’ai écrit le premier volume quand elle a été harcelée en CM1, elle est aujourd’hui en 5ème… Les personnages de On m’a dit ont donc grandi en même temps qu’elle.
Vous aviez déjà travaillé en tandem pour l’écriture et l’illustration de On m’a dit. Comment s’est passé la collaboration sur ce second tome ? Avez-vous suivi les mêmes habitudes créatives ?
Enel : Je ne parlerai pas pour Malice, mais je pense qu’on a travaillé exactement de la même manière que pour le volume 1. À la différence qu’on se connaissait déjà. J’écris le texte seule dans mon coin, puis je l’envoie à Malice, et on en discute. On met nos idées d’illustrations en commun (bien souvent, on est toutes les deux sur la même longueur d’onde, ce qui fait qu’on propose soit la même chose, soit quelque chose de très proche), puis Malice illustre.
J’adore travailler avec elle car elle représente toujours exactement ce que j’avais en tête sans forcément savoir le décrire. Les illustrations et les mots sont parfaitement associés sans avoir eu besoin d’en discuter des heures. Je crois que, sur les deux volumes, je n’ai jamais refusé une illustration de Malice ; ça montre bien, je pense, que notre duo fonctionne parfaitement.
Malice : Pour moi aussi, l’expérience de travail sur ce volume 2 à été très similaire à celle du 1er tome.
C’est toujours très agréable de travailler ensemble. Je n’ai jamais trop de soucis à imaginer des illustrations en lisant ses textes. Dès ma première lecture de On m’a dit – Volume 2, j’arrive déjà à visualiser pas mal de pages. Et même pour les pages où je suis moins inspirée, elle sait toujours me donner de très bonnes idées de direction. C’est une manière de travailler qui me donne un sentiment de liberté créative. Et je suis contente que, sur la création des deux volumes de « On m’a dit », nous ayons toujours été d’accord sur toutes les illustrations.
Est-ce difficile de traiter des thématiques actuelles comme le rejet ou l’homophobie ? N’avez-vous pas eu peur que l’histoire soit trop sombre ?
Enel : Non, du moins je n’ai pas ressenti de telles choses à l’écriture. Ce sont des thèmes malheureusement d’actualité et, selon moi, il est donc important d’en parler, d’ouvrir le dialogue. Nous sommes dans un monde qui évolue sans cesse, il est temps que les mentalités s’y adaptent et l’acceptent.
Pour le côté sombre, là encore je remercie Malice. Elle a un tel talent qu’elle parvient à mettre de la douceur là où il n’y en a pas dans le texte. Je pense par exemple au passage où je parle de scarification. Elle ne montre pas vraiment les choses, tout est suggéré, et je pense que c’est aussi pour ça que le public reçoit si bien On m’a dit. Malgré les sujets délicats qu’ils abordent, ça ne choque pas les enfants ou les parents et permet d’en discuter simplement, ce qui est le but premier de ces deux albums.
Malice : Personnellement, je n’ai pas eu la main dans le choix des thèmes, mais je pense aussi qu’il est très important d’aborder ces sujets avec les enfants. C’est certes parfois délicat à aborder, mais ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas en parler.
Pour le coté sombre des thématiques, j’étais un peu face à un dilemme par contre sur le plan illustrations. Je voulais garder la force du texte et bien la retranscrire, mais je ne voulais pas non plus être trop explicite. Ça reste tout de même un livre pour les jeunes, et je ne pense pas qu’une représentation graphique des éléments dure du livre aide nécessairement le propos. J’ai, du coup, en général opté pour une représentation symbolique autant que possible.
Il y a dans On m’a dit – Volume 2 une volonté de sensibiliser, de trouver des solutions. Pourquoi avoir choisi cette approche ?
Enel : Parce que je ne voulais pas être « une donneuse de leçons ». Parler du harcèlement, OK, mais s’il n’y a pas une solution ou quelque chose à en tirer… à quoi bon ?
Le harcèlement est un véritable fléau qui sévit dans toutes les écoles. Je travaille en périscolaire, je m’en rends bien compte chaque jour. En revanche, les enfants ignorent ce qu’est vraiment le harcèlement. J’ai fait des interventions en primaire où j’ai pu discuter avec des élèves de tous les niveaux… les ¾ ne se rendaient pas compte que les méchancetés qu’ils disaient ou le fait de s’en prendre toujours à la même personne était du harcèlement… ça, ils l’ont compris quand j’en ai discuté avec eux et qu’on a lu le livre.
Le but de On m’a dit n’est donc pas de donner des leçons mais bien de faire comprendre les choses aux enfants (qu’ils soient harceleurs ou victimes) afin que les comportements évoluent par eux-mêmes. Car un enfant qui comprend est un enfant qui réfléchira peut-être avant de s’en prendre à quelqu’un, ou qui viendra peut-être en aide à un camarade harcelé.